Flambée des cours des céréales La France et les Etats-Unis prêts à recourir aux outils du G20
En réaction au rapport de l’Usda sur l’offre et la demande mondiale de céréale, qui confirme des récoltes américaines de maïs et de soja en baisse de 12 et 13 % par rapport à 2011, la France et les Etats-Unis se disent prêts à réunir le Forum de réaction rapide, outil créé par le G20 agricole en juin 2011.
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Avec des prévisions de récoltes historiquement bas aux Etats-Unis, les marchés des céréales vont rester extrêmement tendus et orientés à la hausse (© Terre-net Média) |
A l’heure où le cours du blé fait du yoyo autour des 260 €/t rendu Rouen, le dernier rapport de l’Usda sur les prévisions de récoltes de céréales aux Etats-Unis publié vendredi 10 août confirme les craintes d’une orientation résolument à la hausse des cours dans les prochaines semaines. Des craintes que le ministère de l’Agriculture n’a pas tardé à exprimer.
Dans un communiqué publié ce lundi 13 août, Stéphane Le Foll réagit : « Cette situation, qui n'est pas nouvelle, a déjà été largement intégrée par les marchés, ce qui explique en partie la hausse des cours observée ces dernières semaines. »
Le ministère indique surtout que « La France et les Etats-Unis restent attentifs à tout facteur nouveau qui pourrait justifier une convocation du Forum de réaction rapide. »
Le Forum de réaction rapide est un outil créé à l’automne 2011 et directement issu des travaux du G20 agricole de juin 2011. Il s’agit d’un organe d’Amis, le système d’information sur les marchés agricoles également instauré par le G20, composé des principaux pays producteurs de céréales et de soja représentant plus de 85 % des volumes sur les marchés internationaux. Pour leur première année de fonctionnement, Amis et le Forum de réaction rapide sont présidés par la France. Les Etat-Unis prendront le relais le 2 octobre prochain.
La zone Mer noire inquiète aussi
Fin juillet déjà, le ministre de l’Agriculture avait évoqué une possible convocation du Forum de réaction après avoir saisi le secrétariat d’Amis, basé à la Fao, pour « suivre au plus les évolutions des perspectives de récoltes et les marchés ».
Reste toutefois à savoir quel nouveau facteur pourra justifier une telle convocation, le ministère n’ayant pas apporté de précision sur les éléments propres à déclencher une réunion.
Membre de l’Amis, l’économiste Abdolreza Abbassian précisait qu’« il y a peu de chance pour qu'une réunion du forum de réaction rapide ait lieu », la situation n’étant « pas comparable aux flambées des cours des céréales de 2007-2008 ou de 2010. »
Outre l’évolution des cours du riz, c’est du côté du pourtour de la Mer noire que les yeux seront rivés. Selon Agritel, la production russe n'atteindrait que 43 millions de tonnes contre une prévision de 49 millions le mois dernier. La prévision de production kazakh, elle-aussi, serait revue à la baisse, à 11 Mt contre 13 Mt le mois dernier.
En 2010, la Russie avait décidé unilatéralement de suspendre ses exportations de céréales. Une nouvelle décision de ce genre suffirait à réunir le Forum de réaction rapide le plus tôt possible. Dans tous les cas, les disponibilités export de cette zone autour de la Mer noire seront limitées, et donc source de tensions sur les marchés.
« Les marchés des grains sont-ils contrôlables ? » s’interroge la Coordination rurale Pour la Coordination rurale et l’Opg, sa branche céréalière, « le spectre de 2007 » qui revient n’est pas seulement la faute de « l’effet pernicieux des spéculateurs ». Et le syndicat de mettre en cause les orientations de la Pac : « La Pac n’a cessé depuis 1992 de prôner la dérégulation des marchés des grains. La version 2014 de la Pac ne sera pas mieux pourvue à cet effet. » « Le prix des céréales n’a cessé de baisser au cours des 20 dernières années, en valeur courante, pour être globalement au niveau de ce qu’il était en 1980. Quelle profession aurait pu s’accommoder d’une telle condition ? Cette baisse tendancielle du prix ne serait-elle pas la principale responsable de l’insuffisance de production ? », s’interroge la CR. « La consommation mondiale ne cesse d’augmenter. Les producteurs agricoles subissent toujours plus de contraintes qui limitent leurs rendements et les réglementations actuelles ne limitent pas la baisse des stocks, elles l’accélèrent », poursuit-elle. « Si aucune inflexion significative n’est apportée au projet de PAC actuelle, il y a fort à parier que le pic “céréales” (une production inférieure aux besoins de consommation entraînant une réduction des stocks) soit atteint », conclut-elle. |
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